‘Les Juifs vont être contents! C’est Pourim 1946’

Les auteurs de l’enquête Le Code d’Esther. Et si tout était écrit… les journalistes Yohan Perez (à gauche) et Bernard Benyamin.

16 octobre 1946. L’aile de la Prison de Nuremberg abritant les accusés est éclairée à giorno. Chacun des 11 condamnés à mort est désormais seul avec sa conscience, attendant qu’on vienne le chercher.

Cellule Numéro 25. Le haut dignitaire Nazi Julius Streicher n’espère plus rien. Deux militaires viennent le chercher, il est 2 heures du matin. Il refuse de bouger, il pleure, il supplie, il hurle. On le traîne jusqu’à la plate-forme de la potence. En y franchissant la première marche il crie “Heil Hitler!”

Soudain, Julius Streicher se tourne vers les témoins de l’exécution -dont huit journalistes accrédités et quatre Généraux de l’Armée américaine-, les mains liées dans le dos. Il hurle vers eux “Ce sont les Juifs qui vont être contents! C’est Pourim 1946!”

Tout le monde se regarde, personne ne comprend ce que ce criminel de Guerre Nazi vient de clamer. On lui couvre le visage, le mécanisme de la trappe est actionné. 

Dès le lendemain, les journaux du monde entier font leur une avec ce qui est déjà “Le mystère Streicher”.

Qu’a voulu dire celui qui faisait partie du premier cercle d’Adolf Hitler? Pourquoi ce Nazi et violent propagandiste antisémite de la première heure a-t-il fait référence à une Fête juive, Pourim, et à un Texte vieux de 2300 ans: le Livre d’Esther, qui fait partie intégrante de la Torah ?

C’est le point de départ d’une enquête très haletante qui nous fait remonter à la Nuit des temps, où la Shoah percute des Écrits sacrés issus de la Bible.

Une enquête vertigineuse, qui va s’étaler sur 18 mois, menée tambour battant par un grand journaliste d’investigation français, Bernard Benyamin, créateur et animateur pendant plusieurs années de l’Émission d’Affaires publiques culte de la Télévision française, Envoyé Spécial, et l’initiateur de cette enquête-thriller qui donne le tournis, le journaliste Yohan Perez.

Du Royaume d’Assuérus –an 300 avant notre Ère- aux Banques zurichoises, ces deux journalistes-enquêteurs très opiniâtres s’échinent à lever le voile sur la Prophétie la plus troublante du XXe siècle.

Le Code d’Esther. Et si tout était écrit… publié aux Éditions First, est le récit de cette saga passionnante et très troublante.

Les longs passages consacrés au très ardu décryptage du hypercomplexe Code d’Esther sont dignes des scénarios les plus inouïs des Aventuriers de l’Arche perdu et de Dan Brown. Les deux inlassables enquêteurs y parviendront à déchiffrer ce Code secret grâce au grand génie d’un éminent Professeur et Mathématicien israélien, Mordechay Neugroschel, spécialiste mondialement connu des symboles enfouis dans la Torah et la Guematria.

Comment se fait-il que le dignitaire Nazi Julius Streicher connaissait-il la signification de la Fête juive de Pourim ?

Des historiens reconnus du Nazisme et de la Shoah, dont Georges Bensoussan, ont éclairé les lanternes de Bernard Benyamin sur ce point fort alambiqué.

Les Nazis ne supportaient pas les Juifs, ils étaient Aryens, donc il ne pouvait pas y avoir deux “peuples élus” en même temps sur la surface de la terre: le peuple aryen et le peuple juif. Un  des deux peuples devait absolument disparaître.

“Pour mieux combattre les Juifs, les Nazis ont essayé d’amasser le plus de connaissances possibles sur ceux-ci, soutient Bernard Benyamin en entrevue. C’est la raison pour laquelle Julius Streicher se vantait d’avoir la plus grande “Bibliothèque juive” du IIIème Reich et d’être l’un des meilleurs connaisseurs de l’Histoire du peuple juif. Également, quand Adolf Eichmann fut arrêté en Argentine en 1960, lorsqu’il a entendu parler autour de lui des agents du Mossad, il leur a répondu en hébreu. Mais pas n’importe quel hébreu, pas l’hébreu moderne, il leur parla dans l’hébreu de la Bible. Ça veut dire que ce criminel Nazi avait étudié l’hébreu. De la même manière,  Julius Streicher fut arrêté par un officier américain parce qu’il s’est trahi en parlant le yiddish. Où avait-il appris cet idiome juif? Les Nazis étaient arrivés à la conclusion que pour mieux tuer leur ennemi, ils devaient bien le connaître.”

Cette longue et éreintante enquête a permis à Bernard Benyamin de découvrir une héroïne hors du commun, la Reine Esther.

“C’est vrai qu’au début de cette enquête, ni Esther ni Pourim ne me disaient pas grand-chose. Mais, à partir du moment où on a commencé à me parler d’Esther, des réminiscences ont tout d’un coup rejailli: les dîners en famille le soir de la Fête de Pourim, le récit qu’en faisait ma mère, les commentaires autour de la table, le nom d’Aman que l’on conspuait, les gâteaux de toutes les couleurs que ma mère faisait pour l’occasion… Tous ces souvenirs sont revenus d’un coup, en avalanche. Le personnage d’Esther m’est alors apparu de plus en plus captivant. C’est une héroïne incroyable. La Meguila est le seul texte judaïque, je le rappelle également dans le livre, où il n’y a pas une intervention divine directe. On est loin du Moïse avec son Bâton qui ouvre les flots de la Mer Rouge. Dans l’Histoire fabuleuse d’Esther, il n’y a pas des événements surnaturels. C’est ce côté d’un Dieu, d’une religion et d’une foi au quotidien qui m’a interpellé et profondément intéressé”, explique Bernard Benyamin.

 

 

In their book Le Code d’Esther, journalists Yohan Perez and Bernard Benyamin investigate the meaning of the words called out by Nazi Julius Streicher before his death, when he refers to the holiday of Purim.