Une entrevue avec le célèbre écrivain Marc Levy

Marc Levy

MONTREAL — Vendre  plus de 30 millions d’exemplaires de ses quatorze romans à travers le monde, être traduit en 45 langues et avoir eu l’auguste privilège de voir son premier roman –Et si c’était vrai (Éditions Robert Laffont, 1999)- adapté au cinéma par un grand Maître du 7ème Art, Steven Spielberg, c’est certainement une grande prouesse littéraire! 

“Je raconte l’histoire à mon meilleur ami, et à un moment donné je lui propose de boire un café. Si après cela, il ne me demande pas de lui raconter la suite, je considère que le récit n’est pas bon. Et je recommence tout…” 

C’est avec cette “méthode infaillible” que Marc Levy, qui vient de publier son quinzième roman, Une autre idée du Bonheur (Éditions Robert Laffont), est devenu l’auteur français le plus lu dans le monde. 

À 52 ans, ce prolifique et talentueux écrivain, qui vit aujourd’hui à New York, est un véritable phénomène dans le monde de l’Édition littéraire.

Affable et humble, Marc Levy, qui était de passage à Montréal pour présenter son dernier cru littéraire, ne se considère pas comme un “écrivain professionnel”, mais comme “un modeste artisan qui fait des livres”.

Il a accordé une entrevue au Canadian Jewish News.

Dans Une autre idée du Bonheur, Marc Levy nous entraîne dans une aventure haletante qui se déroule sur les routes de l’Amérique des années 70. 

Agatha vient de s’évader de prison. Elle rencontre Milly et fuit avec elle… sans rien lui révéler de sa situation. Dotée d’un irrésistible appétit de vivre, Agatha fait voler en éclats la routine quotidienne confortable de Milly. Trente ans les séparent, mais au fil de ce trépidant voyage, les deux femmes partageront les mêmes rêves… 

Ce roman très captivant est une magnifique ode à la liberté et le récit d’une très belle histoire de fraternité et d’amour. 

Comment a germé l’idée de ce roman?

“Ce dont j’avais surtout envie dans ce roman, c’est que le lecteur se sente exister un peu plus grâce à mes personnages. Qu’à la fin du roman, Agatha ait transmis au lecteur son appétit de vivre, son énergie. C’est de cette envie-là qu’est né ce roman”, explique Marc Levy.

La notion de “liberté”, un thème récurrent dans l’œuvre de ce faiseur de best-sellers, nourrit la trame de ce récit très captivant.

“La “liberté” est une notion fondamentale pour moi. Dans le roman, Agatha dit à un moment donné: “La liberté ce n’est pas un jeu. C’est une nécessité. Il faut en avoir été privé pour comprendre ce qu’elle représente réellement”. Cette phrase me rappelle sans cesse mon lourd héritage familial. Mes grands-parents ont été persécutés et tués par les nazis. Ils sont morts à Auschwitz. Mon père, Raymond Levy, Résistant pendant la Deuxième Guerre mondiale, a connu la captivité et la prison. Dans un tiroir de mon bureau, je garde le petit médaillon de prisonnier de mon père. J’ai été élevé dans une famille où la liberté n’était pas une notion abstraite, mais, au contraire, un privilège et un droit qu’il fallait absolument défendre. Aujourd’hui, nous acceptons trop facilement d’être privés de liberté. On vit dans des sociétés extrêmement liberticides. Nous sommes très peu conscients de cette inquiétante réalité.”

Marc Levy étaye, par le truchement de l’héroïne de ce roman, Agatha, des réflexions fort interpellatrices sur la “face sombre et cachée” des Hautes Technologies et l’emprise, “de plus en plus oppressante”, que celles-ci exercent sur nos libertés individuelles.

“C’est vrai que dans ce roman, j’écorche les Technologies modernes. Mais je le fais avec amour et non de façon cynique. Moi-même, je suis un consommateur de ces Hautes Technologies. Par contre, je fais partie de ceux qui sont montés au créneau pour qu’une Législation dans ce domaine soit promulguée très pro-chaine-ment. Nous devons être extrême-ment vigilants en ce qui a trait au contrôle de nos libertés individuelles.”

Prôner une “vigilance nécessaire et très salutaire” pour protéger nos vies privées, ça ne veut pas dire pour autant que la Technologie moderne constitue une menace pour l’avenir de l’humanité, s’empresse d’ajouter Marc Levy.

Le film très poignant que la sœur de Marc Levy, la cinéaste Lorraine Levy, a consacré il y a deux ans au conflit israélo-palestinien, Le Fils de l’Autre, lui a-t-il donné l’envie d’aborder ce grand drame humain dans un de ses prochains romans ? 

“J’espère le faire un jour, mais ça demande une mise en contexte très particulière et des investigations différentes.”

Marc Levy est-il optimiste, ou pessimiste, en ce qui a trait aux perspectives futures des relations entre Israéliens et Palestiniens ?

“Je suis optimiste. Je pense que ce conflit très déchirant cessera le jour où les peuples israélien et palestinien prendront le dessus sur ceux qui les gouvernent aujourd’hui.” n

In an interview when he was in Montreal, French author Marc Levy talks about his recently published 15th novel, Une autre idée du Bonheur.