Indépendantiste invétéré, Mi­ni­stre dans les Gouvernements de feu René Lévesque, brillant tribun, analyste iconoclaste de l’actualité sociopolitique québécoise et internationale et pourfendeur des dogmes tenaces qui dominent la scène médiatique et politico-intellectuelle québécoise, Jacques Brassard se définit comme un “hérétique” en “rupture de ban” avec la “bien-pensance oppressante” qui prédomine aujourd’hui au Québec et en Occident.

Cet ardent défenseur de l’État d’Israël et de la Démocratie libérale fustige la “pensée orthodoxe et monolithique” des élites intellectuelles québécoises et occidentales de Gauche dans un essai décapant, magistralement écrit: Hérésies (Éditions Accent Grave, 2013).

Jacques Brassard est-il pour ou contre la Charte des valeurs québé­coises proposée par le Gouvernement de Pauline Marois?

“Personnellement, je ne suis pas opposé à cette Charte des valeurs, ni à la direction que le Gouvernement du Parti Québécois veut prendre, dit-il en entrevue. Ça ne veut pas dire que ce Projet

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tel qu’il a été présenté va être adopté intégralement. Il y a sûrement des aménagements à apporter. Mais sur le fond, je suis d’accord avec l’adoption de cette Charte des valeurs québécoises. L’État démocratique du Québec doit être neutre, ça m’apparaît une évidence. Mais, dans ce débat, je pense qu’on tourne beaucoup autour du pot. On craint de cerner le vrai problème. Or, je pense qu’au­­jourd’hui, en Occident, et au Québec aussi, le problème majeur n’est pas celui des revendications des fondamentalistes Juifs ou Chrétiens -celles-ci sont quasi inexistantes-, mais celui de l’islamisme radical. Basta la langue de bois! L’islam radical est un islam conquérant, intolérant et je dirais même totalitaire, qui exerce une puissante influence sur tout le monde arabo-islamique.”

D’après Jacques Brassard, c’est la “peur lancinante” que les Québécois ont de l’islam radical qui a “contraint” le Gouvernement du Parti Québécois à élaborer le Projet de Charte des valeurs québécoises.

“Je rappelle souvent qu’on parle beaucoup de l’islam modéré. Je suis persuadé qu’il existe des Musulmans modérés, mais je constate que, malheureusement, ce n’est pas le courant dominant dans l’islam. Quand je regarde les manifestations contre le Projet de Charte des valeurs québécoises, je constate que l’hostilité la plus farouche vient non pas des Juifs, des Chrétiens, des Mormons ou des Témoins de Jéhovah, mais de l’islam. Il faut arrêter de tourner autour du pot!”

Dans Hérésies, Jacques Brassard dénonce l’“antisémitisme débridé” qui sévit dans la Gauche québécoise.     

“Ce phénomène très pernicieux m’inquiète. La Gauche québécoise est manifestement propalestinienne. Si elle n’est pas carrément antisémite, elle est certainement antisioniste. Ça c’est sûr! La Gauche québécoise appuie et approuve de si forte façon la mythologie palestinienne qu’elle en arrive à nier la légiti­mi­té de l’État d’Israël. L’antisionisme c’est ça: la négation de la légitimité de l’État d’Israël. Et quand on en arrive là, l’antisémitisme n’est jamais très loin. Moi, je considère qu’aujourd’hui, l’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme. Il y a lieu d’être inquiet. Évidemment, on n’est pas en 1936, à la veille d’un Génocide, mais je suis inquiet de voir comment en Occident on ne considère pas Israël comme un État appartenant à la Civi­li­sa­tion occidentale.”

La diabolisation et la délégitimisation d’Israël en Occident l’horripilent.

“Je ne suis jamais allé en Israël, mais je sais ce qui se passe en Israël et comment les choses fonctionnent dans ce pays. Israël est une Démocratie exemplaire qui a le devoir de lutter sans faiblir pour son droit d’exister. Et l’Occident tout entier a le devoir d’être solidaire de ce combat. Ne pas sou­tenir Israël, c’est se ranger dans le camp de l’obscurantisme, de la haine et de la barbarie. Ce n’est pas mon camp. J’appartiens à la Civilisation occidentale et, de plus, pour reprendre les paroles du Pape Pie XI, je suis “spirituellement sémite”.”

Chose certaine: défendre Israël a valu à ce Saguenéen indécrottable de nombreuses inimitiés dans les milieux intellectuels, universitaires et des médias québécois?

“Je dois essuyer souvent des ­insultes, des injures, des critiques virulentes. Mes idées et positions sur Israël et le ­conflit israélo-palestinien, que j’ai toujours défendues avec une grande conviction, déplaisent beaucoup aux élites de Gauche et aux grands médias québécois. Ne nous leurrons pas! Les médias officiels québécois sont très biaisés. Le Devoir, La Presse, Radio-Canada… ne sont pas des médias antisionistes mili­tants, mais quand on décortique leur travail, leurs articles, leurs éditoriaux, que j’ai longuement analysés, on se rend bien compte que ces médias sont très biaisés. Par exemple, quand ces médias parlent des “colons” Juifs, déjà il y a un parti pris de leur part parce qu’en réalité, il n’y a pas de “colons” Juifs, mais ­simplement des Juifs qui vivent dans ce que moi j’appelle la Judée et Samarie et d’autres appellent la Cisjordanie. L’utilisation tous azimuts du terme “colon” indique très clairement l’orientation idéologique des grands médias québécois.”

In an interview, former Parti Québécois minister Jacques Brassard gives his views on the proposed charter of Quebec values and explains why he is an advocate for Israel.