Un bel hommage littéraire à Naïm Kattan

Naïm Kattan

La plus prestigieuse Revue littéraire du Québec, Les Écrits, vient de ­rendre un vibrant hommage à l’écrivain Juif montréalais, d’origine irakienne, Naïm Kattan.

Dans la dernière livraison des Écrits -novembre 2012, Numéro 136-, des écri­vains et des intellectuels réputés québécois, français et libanais saluent, avec des textes inédits, Naïm Kattan le talentueux écrivain cosmopolite, le citoyen humaniste et le passeur de Cultures.

L’écrivain libanais Salah Stétié, le poète et essayiste français Yves Bonne­foy, l’écrivaine française Hélène Cixous, l’écrivaine libanaise Vénus Khoury-Ghata, la poétesse, romancière et dramaturge québécoise Nicole Brossard, le philosophe et essayiste québécois Georges Leroux, l’architecte et écrivain français Alain Médam, la poétesse et critique en Arts visuels québécoise Christine Palmiéri et l’écrivain et éditeur québécois Jacques Allard évoquent dans ces très beaux essais, récits et poèmes la fidé­li­té en amitié, la grande générosité, l’ouverture au monde et l’amour de la vie de Naïm Kattan. Ce dernier publie aussi dans ce Numéro des Écrits une nouvelle inédite.

Naïm Kattan a été pendant plusieurs années le Directeur de la revue Les Écrits.

Lors de la Soirée de lancement de ce Numéro des Écrits, l’actuel Directeur de cette Revue littéraire, Pierre Ouellet, souligna le grand talent romanesque et l’admirable humanisme de Naïm Kattan.

“Cet homme nous vient du fond des terres, du fond des âges…” C’est en ces mots que Salah Stétié présente son ami Naïm Kattan dans le ma­gni­fique poème qu’il lui dédie en ouverture à notre hommage. J’ai envie de dire à mon tour que ce témoignage d’estime et d’amitié que nous portons aujourd’hui à Naïm Kattan vient “du fond du coeur”, du fond d’une Mémoire que nous gardons de ­l’extrême générosité de cet homme, qui n’a cessé de partager avec nous sa riche expérience du “fond des terres”, du “fond des âges”, autant dire du “fond des hommes”, leurs fonds de paroles et de pensée qui circulent depuis des siècles, des premiers versets de la Torah ou des premières sourates du Coran jusqu’aux derniers poèmes, drames ou récits que nous écrirons après-demain. Naïm Kattan est l’homme de la permanence de la parole, de la perpétuité de la pensée, de la transmission ininterrompue du sentiment que nous avons de notre propre humanité. Jamais autant qu’avec Naïm je n’ai l’impression, malgré le cy­nisme ambiant auquel je cède parfois et en dépit de la dérision nihiliste qui a aussi ses séductions, de faire partie d’une grande chaîne de paroles qui nous sauve les uns les autres de l’égarement, de la dérive, de la chute. Une chaîne que Naïm a su nouer serrée dans sa propre parole en y ajoutant les maillons qui lui manquaient pour qu’elle se prolonge encore un peu dans notre Temps de peu de foi. Naïm me donne foi dans la parole, et foi dans l’homme… si ce n’est dans le Dieu qu’il interroge de livre en livre. Naïm donne confiance en ce dont on doute de plus en plus: l’avenir, qui a pour lui la même profondeur et la même densité que le passé, celui qui s’ancre dans les traditions les plus résistantes comme le futur s’ancre dans les espérances les plus tenaces”, a dit Pierre Ouellet.

Naïm Kattan est un homme de Mémoire parce qu’il est “un homme en devenir, qui sait faire de son passé et de celui de notre humanité -qu’il raconte de roman en roman ou médite d’essai en essai- le lieu vivant d’une aventure qui ne finit pas, même si l’on ne cesse de parler de la fin de l’Histoire, de la fin de l’homme, comme on parlait autrefois de la mort des Dieux, qui n’ont pourtant cessé de nous hanter”, ajouta Pierre Ouellet.

“Salah Stétié le dit mieux que moi, parlant de la profonde affinité qui le lie à Naïm, avec qui il forme un admirable duo de porte-parole: “Hommes seulement présents à la vérité de l’Esprit qui est une et indéfectible, quand elle existe, là où elle existe, deux hommes seulement, mais représentatifs de beaucoup, qui croient comme eux, avec eux, que la parole est fondement, fondation, refondation…” Toute ma reconnaissance, mon cher Naïm, pour ce que tu ne cesses de nous transmettre, de nous léguer, de nous donner avec tant de générosité qu’il faudrait des dizaines d’hommages comme celui-ci pour t’en remercier”, a conclu Pierre Ouellet.

Très touché par ce beau témoigne d’amitié, Naïm Kattan remercia ses nombreux amis et collègues présents à cette Soirée hommage. Son fils, l’écrivain Emmanuel Kattan, qui vient de publier son deuxième roman, Lignes de désir (Éditions du Boréal), un récit poignant se déroulant entre Montréal et Jérusalem, rendit aussi un bel hommage, fort mérité, à Naïm Kattan le père et le grand écrivain.

Naïm Kattan vient de publier un nouveau roman, Le réveil des distraits, aux Éditions Hurtubise. Écrivain, professeur associé de littérature à l’Université du Québec à Montréal et critique littéraire au journal Le Devoir,  Naïm Kattan est Officier de l’Ordre du Canada, Chevalier de l’Ordre na­tio­nal du Québec, Chevalier de la Légion d’honneur de France, que le Président Jacques Chirac lui a décerné en 2002, et Officier des Arts et Lettres de la République française. Il est membre de la Société Royale du Canada et de l’Académie des Lettres du Québec. En 2006, l’Université Concordia lui a décerné un Doctorat Honoris Causa pour souligner sa contribution excep­tion­nelle à la société québécoise depuis cinquante ans à titre de romancier, d’essayiste et de critique littéraire.

 

The latest edition of the Quebec literary journal Les Écrits recently published stories honouring Naïm Kattan, a Jewish Quebec writer of Iraqi origin.